Le démantèlement et la fabrication des sciences sociales dans l’Inde contemporaine

Par Mohona Chaudhuri, Thomas Mathew, Philippe Roussin
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Cet article traite des sciences sociales, et plus particulièrement de leur transformation à la suite de la victoire du Bharatiya Janata Party (BJP) aux élections nationales de 2014. Les révisions bâclées de manuels, les coupes budgétaires incessantes et le déclin dans l’indice de liberté académique témoignent de la précarité croissante que connaissent aujourd’hui les sciences sociales en Inde. Nous situons cette précarité à l’intersection du tournant néolibéral dans l’enseignement supérieur, de l’anti-intellectualisme qui caractérise un populisme autoritaire et, surtout, de l’hindutva (ou suprémacisme hindou) du pouvoir en place. Nous suggérons que, conformément à la matrice idéologique et organisationnelle du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), l’organe parent du BJP, l’assaut concerté de l’hindutva contre les sciences sociales implique une double manœuvre, comportant des dimensions à la fois destructrices et productives.
Les restrictions négatives, comme les attaques physiques contre les chercheurs et les étudiants, s’ajoutent aux restrictions positives, comme le fait d’établir des agendas de recherche, pour vicier les sciences sociales de l’extérieur et de l’intérieur.

Mots-clés

  • Bharatiya Janata Party (BJP)
  • enseignement supérieur
  • hindutva
  • sciences sociales en Inde
  • Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS)
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