Le démantèlement et la fabrication des sciences sociales dans l’Inde contemporaine
Cet article traite des sciences sociales, et plus particulièrement de leur transformation à la suite de
la victoire du Bharatiya Janata Party (BJP) aux élections nationales de 2014. Les révisions bâclées de
manuels, les coupes budgétaires incessantes et le déclin dans l’indice de liberté académique témoignent
de la précarité croissante que connaissent aujourd’hui les sciences sociales en Inde. Nous situons cette
précarité à l’intersection du tournant néolibéral dans l’enseignement supérieur, de l’anti-intellectualisme
qui caractérise un populisme autoritaire et, surtout, de l’hindutva (ou suprémacisme hindou) du pouvoir
en place. Nous suggérons que, conformément à la matrice idéologique et organisationnelle du Rashtriya
Swayamsevak Sangh (RSS), l’organe parent du BJP, l’assaut concerté de l’hindutva contre les sciences
sociales implique une double manœuvre, comportant des dimensions à la fois destructrices et productives.
Les restrictions négatives, comme les attaques physiques contre les chercheurs et les étudiants, s’ajoutent
aux restrictions positives, comme le fait d’établir des agendas de recherche, pour vicier les sciences sociales
de l’extérieur et de l’intérieur.
Mots-clés
- Bharatiya Janata Party (BJP)
- enseignement supérieur
- hindutva
- sciences sociales en Inde
- Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS)