Espace du rêve et espaces rêvés. Une topologie onirique à 'Uvea (Wallis, Polynésie occidentale)
N’est pas rêveur qui veut. À partir d’un travail ethnographique mené à 'Uvea, ce texte se centre sur l’expérience, l’énonciation et la réception des rêves. Le vécu onirique ne résulte pas d’une libre fantaisie du sujet affranchi du poids des contraintes sociales propres à l’éveil. Bien au contraire, les rêves n’ont pas d’existence tangible sans leur mise en mots et en récit, qui suit des principes participant de la socialisation langagière. Leurs enjeux sociaux dépendent du rapport entre l’espace du rêve et les espaces rêvés, c’est-à-dire entre l’endroit où le dormeur a sommeillé et les espaces où le rêve se déroule. Les expériences et les récits oniriques sont des pratiques de l’espace et orientent l’action. Leur déchiffrement éclaire les événements passés, présents et futurs. Intégrée à l’histoire locale, la circulation des rêves peut autant corroborer le réel et l’organisation sociale que les troubler ou les démentir, jusqu’à devenir l’objet d’innovations, d’inspirations et de prémonitions.
Mots-clés
- anthropologie
- 'Uvea (Wallis
- Polynésie)
- rêve
- espace
- récit
- corps