Mixail Baxtin redécouvre les formalistes au sortir de la nuit stalinienne

Par Caryl Emerson, Catherine Depretto, Philippe Roussin
Français

L’article examine la relation entre deux visions opposées des études littéraires : l’une, intuitive, philosophique, synthétique et personnelle (Mixail Baxtin) ; l’autre, scientifique, quantitative, analytique et impersonnelle (les formalistes russes). Notre approche s’inspire d’un bref essai rédigé par Baxtin dans ses carnets de travail à la fin des années 1960 : « Mon attitude à l’égard du formalisme ? » et « Mon attitude à l’égard du structuralisme ? ». Cette attitude est restée remarquablement constante. Baxtin a écrit sa première critique du formalisme en 1924, la poursuivant entre 1943 et 1945 dans quelques textes plus confidentiels. Les textes écrits durant la guerre insistent sur plusieurs concepts auparavant associés au formalisme russe – « spécifisation », « réification », rôle de la cognition dans l’« esthétique matérielle » – Baxtin en vient à associer l’amour et la liberté au temps ouvert, et la violence et le manque de liberté à l’espace limité. Le travail se clôt sur une analyse d’une esquisse d’essai de Baxtin sur Flaubert (1944), dans laquelle les capacités d’analyse et de synthèse du modernisme sont envisagées comme dans une impasse paralysante au sein du monde post-carnavalesque.

Mots-clés

  • formalisme russe
  • structuralisme
  • Mixail Baxtin
  • Jurij Lotman
  • sémiotique soviétique
  • Gustave Flaubert
  • imprévisibilité
  • esthétique matérielle
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