Genèse vs théorie de l’évolution
Le premier formalisme russe distinguait entre la logique interne de l’évolution des phénomènes littéraires et les influences non littéraires (psychologie, idéologie, sociologie, etc.) subsumées sous le concept de « genèse ». Chez Tynjanov, le questionnement des lois de mutation des processus littéraires a débouché sur une définition du « genre » littéraire comme configuration dynamique et changeante de traits et de signes distinctifs. Tynjanov est à la recherche des « principes constructifs » qui transforment une configuration d’éléments en un champ mouvant de potentialités, où facteurs dominés et dominants sont en lutte permanente pour la « survie ». L’une des idées les plus novatrices est celle de l’homologie structurelle entre la syntaxe des textes et les séries diachroniques. Chaque texte particulier demande un afflux de matériaux ou de procédés non encore automatisés ; de même, la reconstitution du centre de la dynamique culturelle nécessite un apport de matériaux neufs, provenant de la périphérie du système littéraire ou culturel. Il y a là un cycle permanent nouveau-ancien-nouveau. Genres et styles oubliés sont rapatriés des marges culturelles vers le centre.
Mots-clés
- formalisme russe
- darwinisme
- théorie de l’évolution
- histoire littéraire
- diachronie
- synchronie
- théorie du genre
- Jurij Tynjanov