La notion de faktura dans les arts visuels en Russie, années 1910-1920

Au croisement des approches formalistes et phénoménologiques
Par Nadia Podzemskaia
Français

La mise en évidence de la faktura par David Burljuk et Waldemar Matvejs (1912-1914), puis par Tatlin, Punin et Šklovskij, permettait d’extraire la matérialité de l’œuvre pour en faire une valeur en soi, qui devenait la notion par excellence de l’art actuel. Dans les années 1920, la réflexion théorique qui accompagnait la pratique constructiviste et productiviste optait pour une orientation « technique » et était basée sur une vulgate assez primitive du matérialisme. En revanche, de véritables recherches terminologiques furent conduites dans le contexte de l’INXUK et de la RAXN / GAXN, où la conception avant-gardiste de la faktura, fondée sur une confusion entre l’espace de l’œuvre et l’espace réel, était reprise de manière critique par le sculpteur Vladimir Domogackij et par les théoriciens Dmitrij Nedovič et Aleksandr Gabričevskij. Ces derniers portaient leur attention sur la faktura en tant qu’empreinte de la subjectivité du créateur, faisant de cette notion une sorte d’« Urform » de l’aura de Walter Benjamin. Ainsi le débat sur la faktura menait-il à celui sur l’essence de l’œuvre d’art en tant que telle.

Mots-clés

  • faktura
  • matériau
  • terminologie artistique
  • constructivisme
  • science de l’art
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