Considérations sur la « branche cadette » du formalisme russe : Mixail Gasparov, Boris Jarxo, Gustav Špet
La branche moscovite du formalisme russe est étudiée à partir de l’exemple des conceptions de Boris Jarxo (1889-1942) et des suites, tant pratiques que théoriques, que leur a données Mixail Gasparov (1935-2005). Gasparov, un des plus éminents spécialistes de philologie classique en Russie, traducteur et théoricien du vers, reprenait la distinction établie par Jarxo entre science et non-science en affirmant que la science n’était pas « une forme de la connaissance mais une forme d’exposition de cette dernière » : les idées peuvent naître d’une intuition ou d’une révélation, mais la tâche de la science est de répondre de l’exposé articulé des résultats de la connaissance, soumis au régime de la preuve et non de la conviction. Gasparov usait des principes de Jarxo comme d’une évidence. Or, selon un certain nombre d’historiens de la science, ces idées ont été empruntées par Jarxo à Gustav Špet (1879-1937). L’article examine la confrontation Špet / Jarxo, qui prend la forme d’oppositions du type science / création, science / art, recherche scientifique / art et même, sur un plan personnel, l’opposition affirmation / effacement de soi. L’article s’appuie sur la correspondance Mixail Gasparov-Nina Braginskaja et sur leur appréciation d’Ol’ga Frejdenberg ou de Mixail Baxtin.
Mots-clés
- formalisme russe
- Mixail Gasparov
- Boris Jarxo
- Gustav Špet
- Ol’ga Frejdenberg