Boris Tomaševskij (1890-1957) fait partie des formalistes célèbres dont le livre Théorie de la littérature. Poétique (1925) passe pour un texte canonique. Or il est relativement peu étudié aujourd’hui, en Russie comme à l’étranger. Il a été cependant l’un des participants les plus actifs du formalisme et l’un de ses plus constants défenseurs. Cet article tient à rappeler son apport original à l’étude du vers et à montrer combien son évolution est solidaire de celle de l’Opojaz. Son exemple permet également de revoir la question du clivage entre formalismes pétersbourgeois et moscovite. Tomaševskij a marqué l’histoire du Cercle linguistique de Moscou et est proche, par ses travaux de métrique quantitative, d’un formaliste originaire de Moscou, Boris Jarxo (1889-1942), qui appliquait semblables méthodes à l’étude du théâtre occidental classique (Corneille). Si Tomaševskij n’a pas laissé d’œuvre théorique systématisant ses recherches, ses textes contiennent néanmoins des formules audacieuses qui attendent encore un commentaire.