Les chercheurs et experts qui étudient la pauvreté sont souvent partie prenante des rapports de pouvoir constitutifs de la pauvreté elle-même. Le savoir sur la pauvreté peut ainsi contribuer à politiser ou, inversement, à dépolitiser les questions de pauvreté, même lorsqu’il procède de recherches objectives, scientifiques et qui font autorité. À partir d’une relecture critique de travaux en sociologie et en économie, cet article montre que, si les recherches menées au début du xx^e siècle ont favorisé la reconnaissance de la pauvreté en tant que problème politique, les relations plus étroites qui existent désormais entre savoir et pouvoir concourent plutôt à neutraliser les enjeux politiques de cette question.