Le corps mort dans l’histoire des sensibilités
Par Dominique Memmi
Français
Résumé
L’histoire des sensibilités face au corps, ici dysphorique – le corps malade, mourant ou mort –, a été le théâtre au xxe siècle de deux changements anthropologiques majeurs : une hausse de la répugnance à la matérialité de ces corps-là, dont l’accélération s’est fait sentir au milieu du siècle, trop tard pour que Norbert Elias puisse réellement en prendre la mesure ; une contre-offensive à ce mouvement de fond, commencée dès les années 1960 dans certaines mouvances alternatives mais qui a vraiment pris son essor trente ans plus tard. L’effort pour réconcilier ces deux tendances contradictoires a engendré des bricolages sociétaux très originaux, dont notre quotidien reste aujourd’hui marqué.