Désir d'histoire
Il s’agit non plus de (dé)placer le sujet historien dans l’ombre, mais de le saisir comme combinatoire singulière, capable de devenir le porte-voix du bruit indissociablement tragique et politique du monde, de réordonner ce bruit par le travail de la raison sensible, c’est‑à-dire cette capacité à ressaisir le sens de ses émotions non pour les évacuer mais pour les mettre au travail, en faire le carburant d’une dynamique de recherche rationnelle, de quête de vérité. Le régime d’historicité d’une histoire qui s’assumerait à cet égard sensible est un double présentisme, qui cherche à mettre en relation deux présents, non pour assurer la vérité d’un savoir certain mais pour les faire s’éclairer l’un l’autre, dans un pari risqué. Ce double présentisme pourrait s’appeler « contemporanéisme ». Il prendrait en charge la conscience historique comme conscience politique et tragique, viserait un mode d’intellectualisation du monde dont la fonction fondatrice serait rituelle et infinie : apaiser l’angoisse de cette condition tragique.
Mots-clés
- histoire
- tragique
- politique
- vérité
- Révolution française