Toutes émotions consumées ?
Résumé
Dans l’entre-deux des espaces publics et privés des crématoriums, les conducteurs de fours exercent un métier spécifique et technique. Assistés des machines qu’ils sont chargés à la fois de manœuvrer et de surveiller, leur travail les expose à un contact alternativement direct et médiatisé avec la transformation des cadavres. Cette coprésence avec les morts et les machines soumet ces professionnels à des violences particulières, dans le cadre d’une activité apparentée aux exigences et aux pratiques de la fluidité industrielle. Le contact qu’ils ont ponctuellement avec les endeuillés nécessite, lui, le développement de stratégies de rupture avec l’univers machinique. Ces va-et-vient structurent des pratiques professionnelles, entre mise à distance technicienne et corps à corps avec les restes ; entre travail de blasement et violence subie.