Les ouvriers des services techniques travaillant dans les hôpitaux sont généralement tenus à l’écart du dispositif de soin proprement dit, et plus encore de la chirurgie. Pourtant, il est arrivé, certes dans des cas exceptionnels, que les services des urgences aient recours à eux pour des interventions sur des patients blessés, par exemple à la main. Anne Monjaret revient sur les récits qui lui ont été rapportés afin de comprendre le sens profond de ces derniers. Ces ouvriers ont été amenés à s’improviser « chirurgiens », leur corps et celui des patients se mettant alors en scène dans la confrontation de l’effort et de la douleur. L’expérience de la souffrance d’autrui s’éprouve, fait place à l’émotion, et sa narration apparaît comme le moyen d’énoncer sa double appartenance, corporatiste et institutionnelle, malgré des valeurs contradictoires.