Nettoyer, c'est négocier
Résumé
L’exposé s’appuie sur l’expérience de trois jeunes femmes qui ont été formées au nettoyage dans le cadre du baccalauréat professionnel « Hygiène et environnement » et sont devenues, pour l’une, ouvrière, et pour les deux autres, chefs d’équipe. Leur expérience montre que, loin d’être l’activité triviale à laquelle on tend à le réduire, le travail de nettoyage est un exercice de négociation constante qui fonde le sens même de l’activité et révèle les contradictions et difficultés auxquelles les exécutantes sont confrontées. Trois points successifs éclairent la situation. Premièrement, de la femme de ménage à la chef d’équipe, l’engagement pour un travail bien fait nécessite une adaptation permanente à des réalités et des contraintes matérielles, organisationnelles et humaines. Deuxièmement, la position d’encadrement, cruciale dans l’organisation du travail en sous-traitance, impose des arbitrages et des redistributions de tâches qui se heurtent à des résistances masculines dans un cadre de division sexuelle du travail rarement remis en cause. Enfin, dans un contexte très largement ouvert à la main-d’œuvre immigrée et marqué par les discriminations, les relations de travail intègrent des dimensions ethnico-familiales avec lesquelles salariées et chef d’équipe doivent aussi composer.