Logique des lieux de l'écoumène
Résumé
L’article part de la comparaison de divers équivalents du français il y a pour souligner la complexité du rapport entre lieu et être. Il rappelle ensuite les conceptions que Platon et Aristote se sont faites respectivement de la chôra et du topos, et survole leur héritage pour en arriver à l’examen de la «?logique du lieu?» («?basho no ronri?»), ou «?logique du prédicat?» («?jutsugo no ronri?»), mise en avant par Nishida à l’encontre de la logique aristotélicienne de l’identité du sujet, et de ses implications historiques. Tout lieu de l’écoumène (la relation de l’humanité à l’étendue terrestre) participe concrètement d’un rapport sujet/prédicat (S/P), selon un mode ontologique qui n’est autre que la réalité?; mais tous les lieux ne sont pas chargés d’autant de prédicats que le sont les hauts lieux, lesquels par excellence illustrent la problématique heideggérienne de la «?spaciation?» (Räuumung) émanant de l’Ort (lieu) d’une véritable chose, à la différence de la simple Stelle (emplacement) d’un objet dans l’espace neutre des modernes, lequel procède de la logique du sujet. En revanche, s’en remettre à la seule logique du prédicat ne serait qu’une régression culbutant le paradigme moderne. Nous devons non pas régresser en deçà de la modernité, mais la dépasser, dans une logique dite «?trajective?» qu’on résumera par la formule r = S/P, lue «?la réalité, c’est S en tant que P?»?; formule qui revient à dire que, dans l’écoumène, tout être se compose dynamiquement d’un lieu individuel (un topos) et d’un milieu collectif (une chôra).