La « barque oisive », véhicule des sens
Résumé
Depuis longtemps, les hommes aiment placer, entre leur corps et l’eau, la coque sécurisante d’une barque, terme générique désignant ici tous les types de petites embarcations de loisirs. Dans la promenade sur l’eau qui se fait sous la conduite d’un professionnel de la navigation, les passagers n’ont pas à se préoccuper de la marche et de la direction. Libérés de cette forme d’engagement physique, leur corps et leurs sens ne sont pas pour autant passifs. Puis, quand l’homme apprend à conduire sa barque, le corps se fait moteur. À partir de Jean-Jacques Rousseau, l’adresse et la force que l’on déploie pour la mener deviennent une distinction. Avec un moteur extérieur, éolien ou thermique, le pilote devient un transmetteur d’énergie. Jusqu’à aujourd’hui, le développement technique, la légèreté et la vitesse sont une manière de se mettre en symbiose avec les éléments, une manière aussi de mettre le monde à distance.