L'œil médusé. Perspective et interprétations des Massacres du Triumvirat d'Antoine Caron (1566)
Résumé
Cet article analyse la perspective dans Les Massacres du Triumvirat (toile d’Antoine Caron datée de 1566) et fait une archéologie du terme « triumvirat » aux xvie et xviie siècles. L’œuvre repose sur une disposition frappante en perspective : les triumvirs sont représentés au niveau du point de fuite et les effets de leur pouvoir rayonnant, les massacres de la population romaine, sont projetés à l’avant du tableau. D’où une théâtralisation des événements, qui provoque l’émotion du spectateur, au détriment d’une lecture humaniste, fondée sur l’exactitude historique et sur la valeur exemplaire de l’épisode. La perspective est un élément essentiel du dispositif qu’a élaboré Caron, et elle constitue la base de toutes les interprétations du tableau ; toutefois elle ne détermine aucune de ces interprétations en particulier. Elle n’a pas de sens en elle-même, mais elle structure toutes les lectures qu’on peut produire de l’œuvre.